Alexandre Charron, « le fils du patron »
Alexandre Charron, « le fils du patron »

« Mon père m’a proposé de rejoindre l’équipe de la Boucherie Dynamique. C’était en septembre 2006.

Il y avait un projet d’agrandissement. La Boucherie Dynamique, depuis 1982 s’était considérablement développée. Elle avait ouvert une seconde boutique à Lucé et s’était établie route de Sours depuis des années mais les bâtiments et le mode de fonctionnement n’étaient plus adaptés au lieu. « C’est que nous recevons au quotidien de très nombreuses livraisons par camions, ce qui nécessite une certaine logistique et des mesures de sécurité et des mesures de sécurité non négligeables.

Reste qu’au moment de déposer le permis de construire pour agrandir le bâtiment de la route de Sours, le maire de Chartres Jean-Pierre Gorge a refusé, arguant le danger que représentait le flux de véhicules à proximité de l’école. « En revanche, il s’était engagé à nous trouver un terrain rapidement » souligne Alexandre Charron. « Et c’est donc ici, rue Henri-Macé, que nous avons atterri ! Merci Monsieur le maire ! »

C’est d’ailleurs à la réception des marchandises que débute Alexandre au sein de l’entreprise familiale. « Jusqu’alors je devinais ce qu’était un morceau de viande ! » rappelle-t-il. « J’allais à Rungis le matin, je partais en livraisons l’après-midi. Comme j’avais acquis des notions d’hygiène, de qualité, j’ai mis en place des nouvelles normes relatives par exemple à la traçabilité des viandes. En un an, j’ai passé mon certificat de qualification professionnelle de boucher. J’ai obtenu le diplôme et suis aujourd’hui un technicien boucher qui connaît la valeur de ce qui se trouve dans une chambre froide ! » se félicite-t-il.

Les débuts dans l’entreprise ne furent pas toujours simples. « Je suis arrivé avec la pancarte « Fils du patron » collée sur le dos et j’ai eu le droit à quelques peaux de banane disséminées ça-et-là. Mon père intervenait peu à ce niveau, mais il a été pour le reste un super formateur ! » reconnaît-il. « Le bras droit de mon père, avec sa longue expérience, m’a également formé au métier et je lui en serais toujours reconnaissant. »

 

Un métier qui fait de nouveau rêver

Quand Alexandre Charron intègre l’entreprise familiale en 2007, la Boucherie Dynamique a quitté la place Billard depuis longtemps. La boucherie s’est considérablement développée depuis 1982, notamment grâce au concept de son créateur, Alain : le « prix portion » et non le prix au kilo, et la proposition de « colis » diversement préparés. C’est ce concept qui fera le succès de la Boucherie Dynamique. En trois ans, une dizaine de salariés sont embauchés, et en 1985 Alain Charron ouvre une seconde boucherie à Lucé, à la clé, huit employés supplémentaires et une clientèle toujours plus nombreuse. En 1995, la boutique de la place Billard est décidément trop petite et la Boucherie Dynamique prend ses aises dans de nouveaux locaux route de Sours passant de 24 m² à 500 m² ! Un véritable bol d’air qui s’accompagne de nouvelles embauches.

Ce ne sont pas moins de trente personnes qui travaillent alors au sein de l’établissement de la route de Sours. En 2007, les bâtiments de la route de Sours deviennent une fois de plus trop étroits et c’est sur deux hectares, rue Henri Macé, que s’installe un atelier-magasin de 2000 m², fonctionnel et lumineux au sein duquel évoluent aujourd’hui 65 employés. Un déménagement qui toutefois va bouleverser les habitudes de la clientèle de la boucherie de Lucé.

« Nous avons dû fermer le magasin vieillissant Lucé par manque de personnel » rappelle Alexandre Charron. « A l’époque, il était plus difficile qu’aujourd’hui de recruter dans la boucherie. Le métier ne faisait pas rêver ! Les parents ne souhaitaient pas que leurs enfants deviennent bouchers, le CAP était déconsidéré. Encore aujourd’hui, l’Éducation Nationale nous envoie des jeunes en échec scolaire, des jeunes qui ne viennent pas par choix mais par obligation. Et puis il y avait la réputation, parfois justifiée, des maîtres d’apprentissage qui se fournissaient en arpettes sans pour autant apprendre le métier à leurs apprentis. Une bonne façon de les dégoûter de la profession ! On a longtemps payé ces erreurs.

Heureusement, c’est un peu moins vrai depuis trois ou quatre ans. Les métiers de bouche suscitent de l’intérêt, une nouvelle génération de patrons-bouchers arrive, de nombreuses émissions de télévision de type Top Chef revalorisent les métiers de bouche et semblent susciter des vocations chez les jeunes ! Nous recommençons à recevoir des CV de « gamins » qui veulent travailler dans ce domaine. » Un domaine qui propose une… palette très importante de métiers ! Il y a celui du boucher bien sûr, mais également tous les professions qui accompagnent la « route de la viande », de sa production à sa vente. « Nos clients de Lucé nous en ont voulu de cette fermeture. C’est vrai que dans les quartiers, les gens restent très attachés au petit commerce, mais les conditions de travail de nos salariés de Lucé n’étaient plus tenables. Nous avons tout rapatrié rue Henri Macé et avons multiplié la livraison à domicile. Aujourd’hui grâce à notre site internet, nous livrons dans toute la France ! »

 

Portrait by PlaineVue – Juin 2016