« Je revendique l’image de l’artisan fier de ce qu’il fait. Et non celle du boucher bedonnant avec de la viande sous les ongles. » Alain Charron a en effet de quoi être fier de son bilan. À 53 ans, la Boucherie Dynamique dont il est le dirigeant, compte 49 salariés et vend près de 1 000 tonnes de viande par an.
Ayant débuté sa carrière dans le commerce indépendant, il choisit à 23 ans d’évoluer dans la grande distribution. Il y apprend les règles fondamentales de gestion commerciale : bien évaluer le produit pour le proposer au prix le plus juste. « J’ai tenté cette expérience par goût de la découverte. C’était un nouveau métier pour moi. » Jusque-là en effet, il avait travaillé chez un indépendant et regrettait de ne connaître qu’une seule partie du métier : « Je n’avais que rarement accès aux chiffres, explique-t-il. Là, j’ai pu voir comment tout se déroulait, de la réception de la marchandise à la mise en rayon, en passant par la fixation des prix. »
Six années plus tard, Alain Charron franchit une nouvelle étape : devenir son propre patron. Il cherche alors une boucherie de quartier abordable. « Sans aide financière, j’ai dû commencer par une petite surface », se souvient-il. Un premier palier qui lui sert de laboratoire pour appliquer à son commerce certaines méthodes de la grande distribution. Et le succès est vite au rendez-vous. Si aujourd’hui sa société réalise un chiffre d’affaires de 6,1 millions d’euros, c’est, estime-t-il, en appliquant des recettes simples :
« On s’adapte aux budgets de nos clients, des familles pour la plupart. Chaque mois, ils viennent acheter leur colis. Et pour ne pas les dérouter avec les fluctuations du cours de la viande, nous proposons la marchandise selon une valeur-portion qui permet de définir les tarifs. Nous adaptons ensuite le grammage des différents morceaux selon les prix du jour pour nous adapter au budget défini au préalable par le client. » C’est cette politique de transparence et la qualité des produits qui fait la différence. « Dans notre magasin, nous voyons des clients qui viennent des hyper-marchés alentour. C’est d’ailleurs ma plus grande fierté d’avoir concurrencé les grands distributeurs, et non le boucher de quartier. » Même la crise de la vache folle n’a pas réussi à perturber l’ascension du boucher. « Peut-être que sans elle, nous aurions progressé encore plus vite ! » observe-t-il d’ailleurs.
Après 38 ans de carrière, le commerçant se dit toujours aussi passionné par son métier. Et continue d’avoir des projets : ce mois-ci, la Boucherie Dynamique que doit d’ailleurs emménager dans des locaux flambant neufs de 2 000 m². Avec, à la clé, une autre ambition : sortir des frontières de son département pour attirer une nouvelle clientèle.
Commerce Magazine - Octobre 2007