L'histoire d'une belle réussite
L'histoire d'une belle réussite

Qu’elle porte bien son nom cette Boucherie Dynamique ! Les chiffres en attestent avec l’ascension régulière de la courbe du CA de 325 000 euros en 1983 à 6,5 millions d’euros en 2007, deux magasins à Chartres et à Lucé, une surface de vente qui est passée pour la boucherie principale de 25 m² à 500 m² puis depuis le 25 octobre à 2 000 m², 50 salariés. Le discours souvent entendu arguant que l’artisanat peut mener à la tête d’une entreprise est vérifié par le parcours exemplaire d’Alain Charron. Le patron de la Boucherie Dynamique débuta comme apprenti-boucher. Retour en arrière…

À la fin de la 3ème, Alain Charron ne se destine pas à de grandes études : « Je m’en fichais pas une au collège et mon père m’a dit : Puisque c’est comme ça, tu vas travailler ». Le patron de la boucherie la plus prospère d’Eure-et-Loir peut aujourd’hui remercier son géniteur. Il se retrouve embauché à l’essai, quasiment par hasard, comme apprenti-boucher au Mans. « Cela ne m’a pas déplu », observe-t-il. Du coup, il se forme, effectuant la filière complète aboutissant au Brevet professionnel. À 24 ans, après un passage à Paris, il entre dans la grande distribution à Melun (Seine-et-Marne) dans la chaîne Prisunic. Il se retrouve à gérer un rayon boucherie et des hommes. « J’aurais pu devenir directeur de magasin », se souvient-il.

Mais en 1982, il opte pour l’indépendance en mettant en pratique ses deux compétences : la découpe de la viande et la gestion financière. Il ouvre la Boucherie Dynamique, place Billard à Chartres. Trois ans de succès plus tard, il investit dans une nouvelle boutique, aux Arcades à Lucé. En 1995, celle du centre-ville de Chartres est devenue trop petite : « Nous ne pouvions pas agrandir et nous avons trouvé un terrain rue Francis-Vovelle, non loin du rond-point de la route du Sours, sur la rocade ». Un risque d’éloignement qu’Alain Charron assume avec bonheur : « Heureusement, nos clients nous ont suivi. C’était pourtant les années de la vache folle mais notre chiffre d’affaires à progresser, même si c’était dans une moindre mesure. Après 2000, il a redécollé ».

Dernière étape : à l’automne dernier, la Boucherie Dynamique s’installe non loin du rond-point de la route d’Orléans. Un grand parking, un espace de vente spacieux, des bureaux flambants neufs, le nouveau siège de la société est magnifique, dernier joyau d’une réussite qui a ses raisons…

 

Alain Charron présentant une carcasse de viande   Des bouchers dynamiques préparant la viande aux clients   Les bouchers de Boucherie Dynamique qui travaillent la viande à l'atelier

 

Un concept qui plaît

Comment Alain Charron explique-t-il cette progression ? « C’est le succès d’un concept. Celui des colis au prix des grandes surfaces. Il a intéressé les gens, ceux-ci pouvant stocker la marchandise achetée dans leur congélateur ». Il ne voulait plus voir cette scène pourtant cocasse : « Un client d’hypermarché essayant de faire rentrer une cuisse de bœuf dans le coffre de la 4L ! Je l’imagine ensuite, la découpant comme il peut chez lui ». Aujourd’hui, les pièces sont découpées, les colis sont panachés. Cette vente en quantité représente 50 % du chiffre d’affaires. Cela n’interdit pas les clients d’acheter au détail au magasin. Le panier moyen d’un client est toutefois élevé, approchant les 100 euros. Depuis 1992, la Boucherie Dynamique livre aussi à domicile. Un service que les consommateurs apprécient d’autant plus qu’il est gratuit. Et pas seulement ceux d’Eure-et-Loir puisque les camions arborant le logo de la société parcourent les départements limitrophes.

 

Artisan spécialiste

« Je me compare aux artisans spécialistes dans des produits ou des domaines spécifiques installés près des hypermarchés. Ma plus belle récompense est de voir que quelqu’un rangeant mes produits dans son coffre alors qu’il vient d’aller faire ses courses dans une grande surface. Pour la viande, le consommateur a encore le choix d’aller s’approvisionner où il le désire », observe Alain Charron. La fidélisation de sa clientèle, le patron de ce qui est devenu une belle entreprise, l’expliquer par « le rapport qualité-prix, le service et la propreté. Que demande-t-on à une viande ? Qu’elle ait une belle couleur au magasin comme à la maison, une bonne odeur, un prix abordable et une tendreté. Je ne vends pas de viande dure ».

Afin que la qualité de ses produits soit suivie, Alain Charron faire confiance à des mandataires qui achètent pour lui à Rungis. Il achète aussi aux éleveurs locaux le porc et la volaille, le veau est français.

Le déménagement de la Boucherie Dynamique rue Henri-Macé va par ailleurs permettre d’agrandie le rayon de surgelés. Depuis deux mois, Alain Charron a pu constater l’impact des nouveaux locaux sur le public : « J’avais tablé sur une augmentation de 20 % du chiffre d’affaires, nous sommes environ à 35 % sur le nouveau magasin ». Même s’il faut pondérer ce chiffre par l’effet nouveauté, la belle aventure continue avec des perspectives ambitieuses : « Atteindre 500 commandes par jour et faire passer le chiffre d’affaires à 10 millions d’euros en trois ans ».

 

Pierre Lara, Entreprise 28 - Janvier 2008